• 500 ans

    Nous fêtons cette année les 500 ans de l’incroyable épopée de l’explorateur Fernand de Magellan et de son officier Juan Sebastiàn Elcano. À eux deux, ils ont réalisé le premier tour du monde. Près de trois ans ont été nécessaires pour réaliser cet exploit, dont seul Elcano reviendra. Pourtant, en 1519, Fernand de Magellan ne savait pas qu’il entamait la première circumnavigation planétaire. Au coeur de ce XVIe siècle, l’explorateur portugais désirait atteindre l’archipel indonésien des Moluques: «l’île aux épices» promettait en effet des importations lucratives.

     

    Avant de voguer, le navigateur doit convaincre le nouveau roi d’Espagne, Charles Ier, de soutenir son voyage. Le futur Charles Quint accepte à condition d’éviter les territoires portugais. Le but? Accéder aux épices sans passer par l’océan Indien, alors sous contrôle du Portugal. En échange, le souverain promet à Magellan une série d’avantages commerciaux. Téméraire, l’explorateur pense parvenir à atteindre l’Asie par l’ouest - en passant par le nouveau monde, l’actuelle Amérique du Sud - et faire demi-tour. À l’origine, il n’est donc pas question de tour du monde. Avec l’accord royal, l’aventurier lève une flotte de 237 hommes et cinq navires: le Victoria, le Trinidad, le Concepcion, le Santiago et le San Antonio. L’équipage quitte Séville le 10 août 1519.

    L’expédition ne se passe comme prévu. Au XVIe siècle, l’Amérique du Sud est pratiquement inexplorée. Mais Magellan est persuadé de trouver une baie qui lui permette de traverser le nouveau continent et ainsi atteindre l’océan Pacifique. En décembre 1519, après une première escale à Rio de Janerio, l’aventurier comprend qu’il n’y a pas de passage. Même constat plus au sud, à Rio de la Plata. À ces revers s’ajoutent des conditions météorologiques de plus en plus difficiles et des mutineries répétées de l’équipage. L’un des navires fait naufrage. La flotte attendra la fin de l’hiver austral dans une baie protégée.

    Il en faut plus pour décourager l’explorateur. En août 1520, les quatre nefs poursuivent leur chemin vers le sud. Fin octobre, une large baie laisse penser qu’il s’agit du passage recherché. C’est la découverte du détroit de Magellan. La traversée de ce labyrinthe situé au sud du Chili est pénible. Une autre caraque abandonne l’expédition pour faire route vers l’Espagne. Un mois plus tard, la flotte atteint enfin l’ouverture sur ce nouvel océan qui les conduira vers l’Asie: Magellan le baptise «Pacifique». Pourtant, le voyage ne sera pas si paisible. Entre novembre 1520 et mars 1521, la traversée de cette mer est longue et éprouvante. L’équipage est décimé par la maladie du scorbut.

    La relève de Juan Sebastiàn Elcano

    Quelques haltes ponctuent le parcours des explorateurs aussi affamés qu’épuisés. La dernière étape de Magellan a lieu sur l’île des Matcan, dans les Philippines. Poussé par sa volonté d’évangéliser les peuples indigènes, y compris par la force, il meurt dans un combat en avril 1521. L’un des trois navires est brûlé. La flotte, réduite au Victoria et au Trinidad en piètre état, parvient finalement aux Moluques en novembre 1521. Les cales pleines de précieux clous de girofle, il est temps de rentrer en Espagne. Les instructions de Charles Quint sont claires: il faut faire demi-tour!

    Si c’est le nom de Magellan qui est associé au premier tour du monde, c’est pourtant l’officier basque Juan Sebastiàn Elcano qui transformera cet aller-retour commercial en circumnavigation. L’ex-mutin est désormais commandant du Victoria. Et pour l’officier, pas question de retraverser cet océan hostile. Elcano brave les ordres du roi et fait le pari gagnant de poursuivre vers l’ouest. Il rejoindra l’Espagne par l’océan Indien. Le second navire, le Trinidad, tente de regagner l’Espagne par le Pacifique et sombre dans une tempête.

    Plus de trois ans après son départ, le 6 septembre 1522, le Victoria arrive en Espagne. Sur les 237 membres d’équipage, 18 survivants ont rejoint Séville à bord du seul bateau rescapé. 86.000 kilomètres en 1080 jours auront été nécessaires pour boucler le premier tour du monde.

    500 ans plus tard, un débat demeure. Doit-on cet exploit au Portugais Magellan, ou au Basque Elcano? Les Portugais accordent peu d’importance au rôle du second tandis que l’Académie royale d’histoire espagnole considérait en mars que le premier tour du monde a été une entreprise «exclusivement espagnole». En tout état de cause, c’est Elcano qui a mené à bon port ce qui restait de la flotte de Magellan et c’est lui qui a reçu en 1522 les honneurs. Si le débat n’est pas tranché, cette expédition est encore considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes prouesses de la navigation.

     


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  • L’expédition commandée par Magellan a pour objectif de rallier l’archipel des Moluques par l’ouest en contournant le continent américain.

    Elle est financée par l’Espagne qui pourrait ainsi avoir accès à ces îles aux épices sans  traverser l’océan Indien qui est sous contrôle portugais.

    Magellan connaît l’existence d’un océan entre le nouveau monde et l’Asie et il dispose d’informations sur la côte de l’Amérique du Sud jusqu’à la hauteur du Rio de la Plata.

    La présence de cette profonde baie approximativement à la même latitude que la pointe sud de l’Afrique, laisse espérer à Magellan l’existence d’un passage à travers le nouveau continent.

    La flotte de cinq navires quitte l’Espagne le 20 septembre 1519.

    Au mois de décembre elle fait une première escale de quelques jours dans la baie de l’actuel Rio de Janeiro.

    À la mi-janvier les navires atteignent le Rio de la Plata. Magellan comprend rapidement que cette baie ne constitue pas un passage à travers le continent et doit lutter contre une partie des équipages qui souhaite faire demi-tour.

    Poursuivant sa route vers le sud la flotte rencontre des conditions météorologiques de plus en plus difficiles. Fin mars Magellan décide d’attendre la fin de l’hiver austral dans une baie bien abritée, la baie de San Julian.

    Au cours de ces 5 mois d’hivernage l’explorateur fait face avec brutalité à une mutinerie, puis l’un des navires, le Santiago, chargé d’explorer une baie voisine fait naufrage.

    La flotte repart en août. À la fin du mois d’octobre elle atteint une large baie dans laquelle la puissance des courants laisse penser qu’il s’agit du passage recherché.

    Un mois de navigation est nécessaire pour traverser ce labyrinthe de canaux au cours duquel l’équipage du San Antonio se mutine et décide de reprendre le chemin de l’Espagne.

    Les trois navires restant trouvent l’ouverture sur une nouvelle mer le 27 novembre.

    La traversée du Pacifique est extrêmement longue et éprouvante. Après trois mois et demi de navigation les équipages, minés par la faim et le scorbut, atteignent l’archipel des Mariannes où ils peuvent partiellement se ravitailler avant de continuer leur voyage vers l’ouest.

    L’expédition prend pieds aux Philippines le 17 mars 1521 mais Magellan est tué quelques semaines plus tard dans un affrontement avec des populations locales.

    Compte tenu des nombreuses pertes en hommes un des trois navires est brûlé. Les deux derniers - le Trinidad et la Victoria - atteignent l’archipel des  Moluques, le but de l’expédition, le 28 novembre.

    Chargés d’épices, les deux navires prennent alors deux directions opposées pour le retour. Le Trinidad échouera à retraverser le Pacifique d’ouest en est tandis que la Victoria décide de rallier l’Espagne par l’océan Indien.

    Il passe le cap de Bonne-Espérance le 18 mai, remonte l’Atlantique, fait une escale aux Iles du Cap-Vert et parvient en Espagne le 6 septembre 1522 pratiquement trois ans après son départ.

    Cette expédition qui a réussi la traversée d’un océan immense et totalement inconnu, constitue l’une des plus grandes prouesses de l’histoire de la navigation. Elle apporte surtout la preuve qu’il est possible de faire le tour de la terre par la voie maritime.


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    Voyage de Magellan

     


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  • Les cinq survivants de la Trinidad, qui eux aussi ont accompli le tour du monde, mais en ne revenant en Europe qu’en 1525-1526 :

    • Gonzalo Gómez de Espinosa, prévôt de la flotte (alguazil) ;
    • Leone Pancaldo, pilote ;
    • Juan Rodríguez el Sordo, marin ;
    • Ginés de Mafra, marin ;
    • Hans Vargue, canonnier.

     


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     Date
      10 août 1519 Départ de Séville
      13 décembre 1519 Arrivée dans la baie de Santa Lucia (Brésil)
      12 janvier 1520 Début d'exploration du Rio de la Plata (Argentine)
      31 mars 1520 Arrivée à Puerto San Julián (Patagonie, Argentine)
      1er avril 1520 Mutinerie de San Julián
      3 mai 1520 Naufrage du Santiago
      21 octobre 1520 Découverte du cap Virgenes, entrée du détroit
      vers le 8 novembre 1520 Désertion du San Antonio qui rentre à Séville
      28 novembre 1520 Entrée de la flotte dans l'océan Pacifique
      6 mars 1521 Arrivée aux Mariannes
      7 avril 1521 Arrivée à Cebu
      27 avril 1521 Mort de Magellan et de six autres hommes lors du combat contre les indigènes de Mactan
      2 mai 1521 Destruction volontaire de la Concepcion
      8 novembre 1521 Arrivée aux Moluques sur l'île de Tidore
      21 décembre 1521 Départ de la Victoria chargée de girofle pour l'Espagne
      19 mai 1522 La Victoria passe le cap de Bonne-Espérance
      6 septembre 1522 La Victoria accoste à Sanlucar de Barrameda

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  • Extraits d'un journal écrit par un navigateur qui était dans l'expédition de Magellan

    « Nous navigâmes pendant le cours de trois mois et vingts jours, sans goûter d'aucune nourriture fraîche. Le biscuit que nous mangions n'était plus du pain mais une poussière mêlée de vers qui en avaient dévoré toute la substance et qui, de plus, était d'une puanteur insupportable, étant imprégnée d'urine de souris. L'eau que nous étions obligés de boire était également putride et puante [...].
    Notre plus grand malheur était de nous voir attaqués d'une espèce de maladie par laquelle les gencives se gonflaient au point de surmonter les dents [...]. Dix-neuf d'entre nous en moururent.»

    (A. Pigaffeta, Journal de bord.)


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  • Au sud de l'Amérique 

             RELATION DU PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE PAR MAGELLAN 1519-1522

       "Partant de là jusqu'au quarante-neuvième degré et demi au ciel antarctique, parce que nous étions en hiver, nous entrâmes dans un port pour hiverner et nous demeurâmes là deux mois entiers sans jamais voir personne. Toutefois, un jour, sans que personne y pensât, nous vîmes un géant qui était sur le bord de la mer tout nu et il dansait et sautait et chantait. Notre Capitaine envoya vers lui un de ses hommes auquel il donna charge de chanter et danser comme l'autre pour le rassurer et lui montrer amitié, ce qu'il fit.

        Et tout de suite l'homme du navire conduisit ce géant à une petite île où le Capitaine l'attendait. Quand il fut devant nous, il commença à s'étonner et à avoir peur, et il levait un doigt vers le haut, croyant que nous venions du ciel. Il était si grand que le plus grand de nous ne lui venait qu'à la ceinture. Il était vraiment bien bâti. [...].
    Six jours après, nos gens allant couper du bois virent un autre géant au visage peint, qui avait à sa main un arc et des flèches; s'approchant de nos gens, il fit quelques attouchements sur sa tête et après sur son corps, puis en fit autant à nos gens [...].


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     Écrivain et navigateur italien (Vicence vers 1480-1534), auteur, dans un italien mêlé d'espagnol et de vénitien, d'une relation de l'expédition de Magellan, à laquelle il participa.Antonio Pigafetta, (date de naissance inconnue généralement située entre 1480 et 1491, probablement à Vicence et date de décès également inconnue), est un marin et chroniqueur italien du XVIe siècle qui a participé sous les ordres de Magellan puis Juan Sebastián Elcano au premier voyage autour du monde (circumnavigation) et qui en a laissé la chronique la plus complète et la plus célèbre, celle sur laquelle se basent tous les travaux relatifs au voyage de Magellan. 

    Les historiens doivent se contenter de très peu de documents concernant la vie d'Antonio Pigafetta : quelques lettres autographes, quelques indices éparpillées dans diverses archives, le tout postérieur à son voyage autour du monde. La famille Pigafetta est une ancienne lignée identifiée dès le XIe siècle. En 1920, P. Pastells identifia son père, Giovanni Pigafetta, mais celui-ci ayant eu au moins trois femmes, il n'est toujours pas possible de savoir qui est sa mère. Léonce Peillard écrit : « Puisqu'il n'est pas possible de faire entrer Antonio Pigafetta dans les tables généalogiques de cette famille, bien que celles-ci ne présentent aucune lacune, certains pensent qu'il était peut-être un enfant naturel ; mais alors il n'eût pas été nommé chevalier de l'Ordre de Malte dont les bâtards étaient exclus. ».


    Antonio Pigafetta, également connu sous le nom d’Antonio Lombardo vient en Espagne en 1519 où il accompagne le nonce apostolique, monseigneur Chieregati, dont il était le secrétaire. Recommandé par le nonce apostolique, il se rend à Séville, où il s’enrôle dans l’équipage de la flotte de Fernand de Magellan à bord de la Trinidad. Il est inscrit comme supplétif et serviteur de Magellan, « criados del Capitan y sobresaliente » en espagnol.

    Pigafetta raconte la mésaventure qui le 25 mars 1521 manque de le noyer lorsque pêchant du bord du navire il tombe à la mer ; mais ses cris alertent des compagnons qui le tirent de ce mauvais pas, et l'auteur de conclure : « je fus secouru, non point par mes mérites mais par la miséricorde et grâce de la fontaine de pitié. ». Une fois dans le Pacifique, que son texte désigne ainsi pour la première fois sous ce terme, et alors que la flotte rencontre après plus de trois mois de navigation les premières îles habitées, Pigafetta est parfois appelé à établir un contact prolongé à terre avec leurs populations. C'est notamment le cas fin mars 1521 sur l'île de Limasawa où avec un autre compagnon il partage plusieurs repas de bienvenue : « ainsi, avec cette cérémonie et autres signes d'amitié, nous banquetâmes puis soupâmes avec lui. Je mangeai le Vendredi saint de la chair, ne pouvant faire autrement (...) Là j'écrivis assez de choses comme ils nommaient en leur langage, et quand le roi et les autres me virent écrire et que je leur disais leur manière de parler, ils furent tous étonnés. ». Lors de l'affrontement avec les indigènes de l'île de Mactan le 27 avril 1521, Magellan meurt et Antonio Pigafetta est blessé. C'est d'ailleurs cette blessure qui lui fait échapper au piège du « banquet de Cebu » qui fait vingt-six victimes parmi l'équipage le 1er mai 1521 : « Je ne pus y aller pource que j'étais tout enflé de la blessure d'une flèche envenimée que j'avais eue au front ».

    Magellan mort, Antonio Pigafetta voit son rôle au sein de la flotte prendre de l'importance. Il est souvent sollicité pour entrer en relation avec les populations rencontrées. Il accomplit finalement le tour du monde avec dix-sept autres survivants du périple sous les ordres de Juan Sebastián Elcano à bord de la Victoria en atteignant Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522. Deux autres Italiens, Martino de Judicibus – rentré lui aussi à bord de la Victoria – et Luca Pancaldo – rentré à bord de la Trinidad en 1525 – survécurent à l'expédition de Magellan. Comme l'écrivent Carmen Bernand et Serge Gruzinski dans leur Histoire du nouveau monde : « Pigafetta échappa à tous les maux qui décimèrent les membres de l'équipage et fut l'un des rares à faire le tour du monde avec Elcano ». Les historiens ont relevé qu'il ne nomme pas une seule fois Elcano dans son récit du voyage de retour et qu'il rend au contraire un hommage très appuyé à son capitaine défunt.

    Il remet dès son retour une première version de son témoignage écrit – essentiel pour la connaissance de cette première circumnavigation – à Charles Quint. Il voyage ensuite à Lisbonne pour rencontrer Jean III de Portugal et en France auprès de Louise de Savoie à qui il remet un manuscrit de sa relation. De retour en Italie début 1523 il continue la rédaction de son récit dans l'entourage du duc de Mantoue puis à la cour du pape Clément VII, cherchant à faire publier son texte. Il dédie son texte à Philippe de Villiers de L'Isle-Adam et est intronisé chevalier de Rhodes en 1524. Il reçoit alors une modeste pension et c'est à partir du mois août de cette année que l'historien perd sa trace.

    Son long récit de navigation et de découverte n'est pas le premier témoignage imprimé concernant le voyage de Magellan. La « lettre » de Maximilianus Transylvanus publiée en janvier 1523 fut pendant quelques années la source principale d'information du public de l'époque.

    Un membre de sa famille, Filippo Pigafetta (1533-1604), a longtemps voyagé en Afrique et s'est fait connaître à la fin du XVIe siècle en publiant une relation de voyage au Congo.

    Son récit de voyage 

    Navigation & découvrement de l'Inde supérieure & îles de Malucque où naissent les clous de girofle, faite par Antonio Pigafetta, vicentin et chevalier de Rhodes, commençant en l'an 1519, ainsi est intitulé le récit du voyage dans le manuscrit conservé à la Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits. Il s'agit d'un journal de bord, doublé à l'occasion d'un travail de linguiste. Il a en effet consigné, lors de ce voyage, le premier lexique des Indiens de Patagonie qu'il élabore avec l'aide d'un autochtone capturé. Arrivé aux Philippines, sur l'île de Cebu, il consigne également la langue vernaculaire tout en relevant leurs usages et coutumes, ce qui fait de son journal un document ethnographique précieux. Il est en particulier le premier à décrire la coutume du palang. Stefan Zweig écrit dans sa biographie de Magellan : « du paysage il ne donne nulle description, ce dont on ne peut d'ailleurs lui faire aucun reproche, étant donné que la description de la nature n'a été inventée que trois siècles plus tard par Jean-Jacques Rousseau ».

    Pigafetta note aussi des observations astronomiques faites dans l'hémisphère sud. Une de ses observations permit de conforter la découverte des Nuages de Magellan déjà mentionnés par Pierre Martyr d'Anghiera en 1504. Léonce Paillard avance : « pour tout ce qui touche à la navigation, à la mer, le récit est succinct, ce qui confirme notre conception d'un Pigafetta plus terrien que marin, alors qu'il s'étend, parfois un peu trop, sur les détails de la faune et de la flore exotiques. ». Cette relation est considérée comme « un incontestable chef-d'œuvre de la littérature de voyage » et Pigafetta retrouve dans quelques passages l'habitude des conteurs de l'époque de rapporter des faits extraordinaires ou heurtant le sens commun comme lors de la rencontre avec l'« indien patagon » au début de l'année 1520 qui « était tant grand que le plus grand d'entre nous ne lui venait qu'à la ceinture ». « Lorsque l'exagération atteint le merveilleux, Pigafetta prend soin d'ajouter qu'il ne fait que transcrire un récit de voyageur ou d'indigène » tempère Léonce Peillard.

    La forme adoptée par Pigafetta est très probablement inspirée par le Liber insularum archipelagi de l'humaniste florentin Cristoforo Buondelmonti qui au début du XVe siècle propose un récit personnel d'un voyage dans les îles de la mer Égée agrémenté de cartes des îles visitées. Pigafetta transpose ce procédé en considérant l'ensemble du globe comme un immense archipel.

    Il existe quatre manuscrits illustrés de son récit, tous des copies d'un original perdu. Trois sont en français, dont deux conservés à la BNF et un à la bibliothèque Beinecke. Le quatrième exemplaire, en italien emprunt de dialecte vénitien, daté de 1525, est le plus sûr et le plus complet. Il est conservé à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan. Entre 1526 et 1536 paraît en France la première édition imprimée dans une version abrégée, traduite en 1536 en italien puis traduite et résumée en 1555 en anglais. Le récit de Pigafetta a été en particulier repris en 1550 par Giovanni Battista Ramusio, qui est sans doute le traducteur de la version de 1536, dans son Primo volume delle Navigationi et Viaggi. De nombreuses éditions sont ensuite régulièrement publiées à partir du début du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui

    Bibliographie  

    • Albino Morello (dir.), revue monographique L'Illustre Vicentino n°1, juin 1992, dédié à Antonio Pigafetta.

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  • Les rescapés reprennent leur périple, abandonnant un des navires, et le Basque Juan Sebastián de Elcano (1476-1526) impose son autorité. Les Moluques sont atteintes en novembre. Mais la Trinidad n'est bientôt plus en état de poursuivre sa navigation : de longues réparations lui sont nécessaires, et elle sera capturée plus tard par les Portugais. À partir du 12 décembre 1521, Elcano revient sur la petite Victoria.

       En mai 1522, il réussit à franchir le cap de Bonne-Espérance et parvient à Sanlúcar le 6 septembre. Le premier tour du monde a demandé presque trois années. Dix-huit hommes parvinrent à revenir à Séville.


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  • La navigation se déroule par mer calme, à tel point que Magellan dénomme « Pacifique » ce nouvel océan. Mais l'immensité du Pacifique semble ne laisser aucun espoir aux navigateurs : « Nous demeurâmes trois mois et vingt jours sans prendre vivres ni autres rafraîchissements et nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant de l'odeur d'urine que les rats avaient fait dessus après avoir mangé le bon. » Le 6 mars 1521, enfin, une île est atteinte dans l'archipel des Mariannes : ses habitants montent à bord, commettent mille petits larcins. Un raid à terre leur apportera la terreur : sept naturels de cette « île des Larrons » seront massacrés.

       Après dix jours de navigation, on parvient à l'une des Philippines (16 mars). Cette fois, les rapports sont bons avec les indigènes, et Magellan entreprend leur conversion : le roi et la reine de Cebu acceptent de se faire baptiser (14 avril), ainsi que de nombreux sujets (cependant, un village récalcitrant sera brûlé…). Il ne restera plus, tâche aisée, qu'à faire jurer aux néophytes « fidélité » au grand souverain d'Espagne. Mais, de ce fait, Magellan doit assurer des responsabilités dans des querelles locales : un vassal rebelle règne sur la petite île voisine de Mactan. Magellan y débarque avec 59 hommes. Les insulaires contre-attaquent vivement les intrus, qui sont submergés. Le 27 avril, Magellan est atteint à la jambe. Alors, « un Indien lui jeta une lance de canne envenimée au visage qui le tua tout raide ».


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