• Magellan : un incroyable voyage autour du monde

    Deux puissances qui s'opposent et qui se partagent le monde

     

    À la fin du XVe siècle, les deux grandes puissances maritimes de l’époque, l’Espagne et le Portugal, se partagent le monde. Les Espagnols, sous l’arbitrage du pape, peuvent prendre possession des richesses de l’Ouest, celles, entre autres, de l’Amérique, tandis que les terres de l’Est, connues ou non, celles de l’Afrique et de l’Asie, reviendraient aux Portugais.

    Au début du XVIe siècle, les deux puissances se disputent les Moluques : les îles aux épices. À cette époque, les épices s’arrachent à prix d’or en Europe. La seule route connue passe par l’océan Indien, contrôlé par le Portugal. Mais un navigateur portugais, en froid avec sa royauté, persuade le roi espagnol, Charles Quint, qu’il est possible de rejoindre les Moluques par l’ouest, en contournant l’Amérique. Ce navigateur s’appelle Fernand de Magellan. Il est nommé à la tête d’une flotte de cinq navires, qui part de Séville le 10 août 1519 en direction de l’ouest et du continent américain. Sur les 265 hommes partis du port de Séville, une grande partie est espagnole et ne voit pas du tout d’un bon œil qu’un Portugais soit à la tête d’une telle expédition.

     

    La mutinerie de San Julián

     

    Après plusieurs mois de voyage, les marins atteignent l’Amérique du Sud. Magellan décide alors de longer les côtes, à la recherche d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique. Quelques temps plus tard, le navigateur s’engage dans ce qu’il pense être un détroit. Mais peu à peu, les vents et la profondeur changent. Magellan se rend compte que quelque chose ne va pas. Il goûte alors l’eau : c’est de l’eau douce ! En réalité, les bateaux se trouvent sur le Rio de la Plata : un fleuve situé entre l’Uruguay et l’Argentine. Les hommes n’ont pas d’autre choix que de faire demi-tour. Six mois après son départ d’Espagne, l’expédition est toujours très loin de son objectif initial.

    Les cinq caraques poursuivent leur navigation en direction du sud. L’hiver austral s’installe et les températures deviennent glaciales. Les bateaux trouvent alors refuge dans un estuaire à l’abri des vents : le port de San Julián, en Patagonie. C’est ici que la flotte passera l’hiver. Mais les hommes doutent de plus en plus de Magellan et de l’existence d’un passage vers l’Ouest. Dans la nuit du 2 avril 1520, une mutinerie éclate. Trois des cinq navires se soulèvent. Mais Magellan ainsi que les hommes qui lui sont restés fidèles répliquent et reprennent le contrôle de l’expédition. Après jugement, certains marins sont exécutés, d’autres abandonnés, mais pour la plupart des mutins, Magellan fait preuve d’une relative clémence. Rien de bien surprenant : il a besoin du plus d’hommes possible pour terminer son voyage.

    Portrait Magellan © pict rider - stock.adobe.co

    Un passage vers l'Ouest trouvé avant une traversée du Pacifique interminable

     

    En mai 1520, l’un des cinq navires s’échoue lors d’une mission de reconnaissance. Ce sont donc les quatre restants qui quittent le port de San Julián à la fin du mois d’août, après une escale qui aura duré cinq mois. Magellan poursuit donc en direction du sud, toujours à la recherche d’un passage vers l’Ouest. Le 21 octobre, les bateaux s’engagent dans ce qu’il semble être un détroit. La navigation est extrêmement difficile. Les navires doivent se faufiler dans un véritable labyrinthe, à travers les baies et les fjords, tout en évitant les récifs et les bancs de sable. Les hommes cherchent une route pendant plusieurs jours quand l’expédition se scinde en deux. Deux caraques d’un côté et deux de l’autre. Sans le savoir, Magellan fait partie du groupe qui emprunte le bon chemin. Après plus d’un mois de recherche, il découvre enfin une route maritime qui fait le lien entre l’Atlantique et le Pacifique : le détroit de Magellan.

    L’un des deux navires partis dans une autre direction est rapidement retrouvé. En revanche, le quatrième a disparu. Il a en fait déserté et fait demi-tour pour rentrer en Espagne. Problème : c’était précisément dans celui-ci que se trouvait les provisions. Cela n’inquiète toutefois pas Magellan qui se dit que les Moluques ne sont désormais plus très loin. Il ne se doute pas que devant lui s’étend l’océan le plus vaste de la planète. La traversée est interminable. La nourriture et l’eau potable manquent et le scorbut emporte une grande partie des hommes.

    La fin tragique de Magellan, pourtant proche de son objectif

     

    Mais après une traversée de trois mois et vingt jours, la terre est en vue. Après avoir fait escale dans les premières îles qu’ils ont trouvées pour faire le plein d’eau douce et de vivres, les marins reprennent leur expédition et atteignent les Philippines le 17 mars 1521, un an et demi après leur départ de Séville. Magellan comprend que les Moluqes sont proches et prend conscience qu’il lui faut un soutien sur place pour assurer aux Espagnols le contrôle de la route des épices. Ce soutien, il se dit que ce pourrait être Humabon, le roi de l’île de Cebu. Pour lui montrer sa puissance, Magellan décide d’attaquer Lapu-Lapu, le roi de l’île voisine de Mactan, avec lequel Humabon est en conflit. Le Portugais part la fleur au fusil, avec une cinquantaine d’hommes et débarque sur Mactan le 27 avril 1521. Des coups de feu sont tirés sur les indigènes extrêmement bien équipés, qui refusent de se soumettre et qui résistent aux attaques des Européens. Magellan est finalement écrasé par des guerriers beaucoup plus nombreux et est tué par une flèche empoisonnée.

    Après sa mort, l’expédition poursuivra sa route et atteindra les Moluques. Un seul bateau rentrera en Espagne le 6 septembre 1522, trois ans après son départ, avec à son bord seulement 18 hommes. Ce sont les premiers à avoir terminé un voyage autour du monde.

    Peu rentable et trop dangereuse, la route des épices ouverte par Magellan sera finalement rapidement délaissée.

    Texte : Antoine Aupart / Réalisation : Yann Girard

    Tour du monde de Magellan

    © Dimitrios - stock.adobe.com

    Après la mort de Magellan, c'est Juan Sebastián Elcano qui prend les rênes de l'expédition et qui réalise la première circumnavigation de la Terre.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :